The Blue World - My life with autism

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Alimentation et autisme (et là, c'est le drame !)

Aaaah, l'alimentation... vous n'imaginez même pas à quel point j'aimerais que les gens sachent que l'autisme provoque souvent de gros problèmes alimentaires. Pour tout simplement que je puisse répondre "euh oui mais enfaite, c'est parce que je suis autiste" (=> "explication", pas "excuse", hein on revient toujours à la même chose) et qu'on ne me regarde pas avec des grands yeux interloqués en me disant "mais, ça n'a rien avoir O___O"

 

Et bien... si ! Tu vas surement apprendre quelque chose aujourd'hui, mais les problèmes alimentaires et l'autisme sont liés ! Quand je dis que je n'aime pas telle ou telle chose, quand je ne peux pas manger des choses de 2 couleurs si elles sont mélangées, ce ne sont pas des caprices, c'est que réellement, mon cerveau n'en est pas capable.

 

Ca consiste en quoi, ces problèmes alimentaires ?

 

Comme toujours, ça va dépendre de chaque autiste... certains n'en ont pas, d'autres en ont des très strictes. On parle généralement d'hypersélectivité alimentaire. Sélectivité sur les couleurs, les textures, les aspects, les nombres... on trouve de tout. Certains ne mangent que des aliments verts, d'autres ne vont manger que les aliments s'il y a un nombre pair dans leur assiette.

 

Pour ma part, je ne mange que des aliments jaunes. Donc, des pâtes, de la semoule, des pommes de terre, le tout au beurre. Éventuellement à la sauce tomate "Zapetti sauce italienne à la viande rotie". On peut y ajouter un peu de poulet auquel on aura soigneusement enlevé tout le gras, les nerfs et la peaux. Tous les fruits jaunes qui existent. Et c'est tout. Au niveau des boissons, principalement de l'eau. Mais j'aime aussi le jus de fruit, à condition qu'il n'y ai pas de bulle, pas de pulpe, et qu'il ne soit pas trop épais.

 

La texture est mon critère numéro 2. Impossible de manger du gras, des yaourts avec des morceaux à l'intérieur, du jus avec de la pulpe. Je revomis tout directement. Si la texture est trop visqueuse, si à l'oeil ça ne me plait pas, je ne vais même pas gouter. J'en suis simplement incapable. Ca va même jusqu'à l'épaisseur de ma semoule : uniquement de la fine, la moyenne ou la grosse, je ne peux pas la manger.

 

J'ai aussi beaucoup de mal à mélanger les aliments. Surtout s'ils ne sont pas exactement de la même couleur. Étant petite, je devais même avoir une paire de couverts pour l'entrée, une paire pour mes pâtes, une paire pour mon poulet, une paire pour mon dessert etc.

 

 

“ Un véritable enfer

 

 

Souvent, les gens me demandent qu'est ce qui m'handicape le plus dans mon autisme... c'est très difficile de répondre, car l'autisme est vaste et m'affecte sur beaucoup de choses au quotidien. Mais je pense que les problèmes alimentaires rentrent très largement dans mon top 3 des trucs galères à gérer.

 

Déjà parce qu'au quotidien, je me lasse de manger toujours la même chose. Mais je suis incapable de manger quoi que ce soit d'autre. C'est donc psychologiquement très dur.

 

Ensuite, tout simplement parce que dès que je vais au resto, je n'aime rien. Alors, je finis toujours par demander des frites, sans rien d'autres. Des frites toutes sèches à 4€50. Et quand il n'y a pas de frites, ça finit toujours en crise familiale... je dois constamment demander des choses qui ne sont pas à la carte, où alors changer : "est ce que ça serait possible d'avoir ce plat mais sans oignons ni lardons ni crème fraiche ?". Galère.

 

Il y a aussi les fois où je ne suis pas avec ma famille mais avec des amis. Bon, c'est rare ok, mais ça arrive. Et là c'est encore pire, car ils ne savent pas que l'autisme impact cet aspect du quotidien. Je passe juste pour la fille ultra difficile qui ne fait aucun effort. Donc si on mange au resto ensemble, je prie juste pour qu'il y ai des frites. Je prends ça, je dis que je n'ai pas très faim et que ça suffira.

Manger chez quelqu'un : impossible. Enfin techniquement, je peux. Mais rendez-vous compte : je vous ai dit que je ne mangeais que jaune, bon jusque là ça pourrait se gérer, je dis que je n'aime que les pâtes ou les pommes de terre et ça peut aller. Mais je n'aime les aliments que préparés d'une certaine manière, comme moi j'aime. Si tu fais cuire les pâtes 2 minutes de trop, elle seront trop molles, la texture n'ira plus, je ne pourrais pas les manger. Si tu rajoutes des herbes de Provence, de l'huile d'olive, des petits oignons... je ne pourrais pas manger. J'aime la sauce tomate, mais seulement telle marque, tel modèle. C'est donc tellement délicat... imagine tu m'invites, tu me prépares des pâtes, et quand tu les amènes sur la table je suis incapable de les manger car elles ne sont pas "comme je veux" (en réalité, comme mon cerveau le veux). C'est pire que la honte pour moi. Du coup, quand on m'invite, je préfère dire que je ne suis pas là, que je ne peux pas. Quand je n'ai pas le choix que de manger chez quelqu'un, je dis que je n'aime que les pâtes au beurre. A priori, y'a peu de chance que ce soit raté. "Tu n'aimes pas la sauce tomate, la crème ?" Je préfère répondre non, car il y a toutes les chances que je n'aime pas ta sauce.

 

C'est comme ça pour tout, partout, où que j'aille, où que je mange, quand c'est en dehors de chez moi, tant que ce n'est pas moi qui prépare. Du coup, je dis toujours que je n'ai pas faim, que je n'ai pas soif. Je préfère creuver de faim (quoique, c'est une sensation que je ne ressens pas trop au final, comme la douleur) plutôt que de devoir manger un truc que je n'aime pas ou qui a une texture horrible. Je préfère me désècher que de devoir boire un jus de fruit trop épais, ou un truc avec des bulles.

 

Donc je passe pour la fille chiante, pas drôle. Je comprends. Ca ne doit pas être très fun de sortir avec moi, car au final on passe énormément de temps à boire des coups, à manger. Mais c'est trop dur à gérer pour moi, l'alimentation. C'est certainement mon plus grand rêve, de pouvoir aller dans un resto et commander n'importe quoi sur la carte, sans devoir changer le moindre aliment, et aimer. Ca serait beaucoup plus simple, surtout à l'étranger je dois dire, vu que je suis bien souvent incapable d'expliquer ce que je veux et ce que je ne veux pas !

 


 

Donc voilà, si tu as un ami, un proche autiste, et que tu le trouves insupportablement difficile, ben sache qu'il en est le premier affecté ! De toute façon, tu ne pourras à priori rien y faire, à part respecter ses goûts et l'aider à trouver un truc cool sur la carte du resto, tu ne le feras pas manger un truc qu'il n'aime pas ! Ce n'est pas un caprice, c'est simplement que notre cerveau est incapable de passer outre les règles qu'il s'est auto-fixé (alors ça pourquoi, on ne sait pas).

 

De la même manière si je te réponds "non j'ai pas faim ça va" y'a à peu près toutes les chances que j'ai quand même faim (ou soif), mais j'ai juste trop peur de ne pas trouver quelque chose que j'aime à manger ou à boire.

 

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02/11/2016
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