Pourquoi tu réponds jamais quand on t'appelle ?
Je suis de retour après les fetes de Noel qui m'ont encore demandée beaucoup d'énergie comme je l'explique ici. J'ai donc effectué mon retour à la fac, avec les joies des transports, les joies du restaurant universitaire, et les joies des cours.
Avant hier, il m'est arrivé une énième situation sociale non maitrisée, et j'ai voulu vous la partager, car cela permettra certainement à beaucoup de personnes de comprendre un peu mieux un camarade ou un proche autiste, qui vous énerve lorsqu'il ne répond pas quand on l'appelle.
Oh, que cette situation est énervante, pas vrai ? Sache qu'elle m'énerve autant qu'à toi.
Pourquoi parfois, ton camarade ou ta soeur autiste ne répond pas quand on l'appelle ?
Comme je l'avais un peu expliqué dans cet article et cet article, mon cerveau est constamment soumis à des dizaines d'informations sensorielles que toi tu ne captes meme pas, mais qui moi, occupent constamment tous mes sens. Généralement, quand on appelle quelqu'un c'est rarement dans une pièce toute calme, où le seul son que je pourrais entendre est le son de ta voix. Il y a souvent du bruit, par exemple je peux etre entrain de manger (à ce moment là, j'entends exclusivement le bruit de ma machoir et des aliments dans ma bouche), ou entrain de marcher (à ce moment là, j'entends le bruit de mes chaussures sur le sol, le bruit de mon manteau qui frotte sur lui meme, si on est dehors il y a également le vent, à l'intérieur, tous les bruits du batiment). Mon cerveau va au meme titre que tout le reste, capter le son de ta voix, mais il va aussi se mélanger aux autres bruits qui m'entourent. Les mots que tu prononcent vont donc tout simplement se perdre dans un flot d'informations sensorielles impossibles à décrypter pour moi.
Pourquoi je ne réponds pas ? Tout simplement car je n'ai pas compris que tu me parlais. J'ai sans doute entendu que ta voix sortais de ta bouche, mais je n'ai pas pu identifier les mots, pas pu savoir que tu t'adressais à moi. Avec un peu de malchance, mon regard était certainement attiré par un détail, et alors là, le son de ta voix n'est peut etre meme pas parvenu à mes oreilles, car mon cerveau a coupé tout ce qu'il y avait autour pour que je me concentre sur ce détail.
Dans cette situation, je vais réagir différemment. Comme je viens juste de l'énoncer, je vais peut etre meme pas entendre le son de ta voix. Je ne vais donc pas du tout répondre, et tu vas croire que je t'ignore. Ce n'est pas vrai, je n'ai juste pas entendu.
Je vais sans doute me rendre compte que tu m'as peut etre parlé, mais je n'en suis pas sure sur le coup, alors je vais te demander de répéter. "Quoi ? " "tu m'as parlé ?". Ce à quoi on me répond quasiment tout le temps "mais t'es sourde ou quoi ?" Eh non, c'est tout l'inverse !!
Et il y a le dernier cas de figure, celui qui me met dans tous mes états, et qui m'arrive malheureusement assez souvent. Sur le coup, je ne vais pas vraiment avoir entendu ta voix. Ou peut etre vaguement, sans que je puisse vraiment etre sure, pas de quoi te faire répéter en tout cas (oui car combien de fois j'ai sorti un gros "quoi ?" et qu'on m'a répondu en me regardant de haut "ah nan mais j'te parlais pas..."). Je ne vais pas preter attention, et puis, quelques secondes après, parfois 15, parfois 30, ou parfois plus d'une minutes après (c'est une é-ter-ni-té), mon cerveau a comme un éclaire de génie, et la, JE SAIS que tu m'as parlé. J'en suis persuadée, j'ai fini par comprendre un mot, sans doute les sonorités de mon prénom... mais tu es déjà parti, certainement en te disant que je t'ignore. C'est ce qui m'est arrivée avant hier.
J'arrive à la fac, et comme d'habitude, je monte au 1er étage car il y a un banc où je peux m'assoire. J'y fonce, tete baissée, en espérant croiser personne car j'ai mon petit déjeuné à manger, et j'ai pas prévu de parler à quelqu'un avant de l'engloutir. J'arrive en haut, je m'assois donc, et je commence à ouvrir le papier boulangerie de mon pain au chocolat. C'est a ce moment là qu'arrive un de mes profs, mais ça, je ne m'en suis pas vraiment rendue compte sur le coup, j'étais concentrée sur mon pain au chocolat, je ne l'ai pas vraiment vu. Il semble monter au 2e étage, car j'entends désormais ses pas dans l'escalier. Et là, alors qu'il était déjà en haut, mon cerveau m'envoie une alerte : EH OH, IL T'AS PARLE, IL VOULAIS TE DIRE QUELQUE CHOSE, IL ETAIT DEVANT TOI EN ATTENDANT QUE TU REPONDES
Mais oui, j'en suis bien sure désormais, la fin de la phrase finissais par "...cha", comme mon prénom, il m'a tout simplement parlé directement car il voulait que l'on se voit à propos d'un cours. Je me sens minable, il est déjà trop tard pour lui répondre, il n'est meme plus là. Que va t-il penser ? Je commence à stresser, car si seulement j'avais mis moins de 50 secondes à me rendre qu'on me parlait, si j'avais regardé autour de moi au lieu d'etre encore une fois concentrer sur une seule chose, j'aurai pu éviter cette situation totalement genante... Je suis dépitée, j'ai envie de pleurer, je m'énerve, je suis dégoutée de moi meme.
Voilà, quand tu m'assènes un gros "mais pourquoi tu réponds jamais quand on te parle ??", garde dans un coin de ta tete que j'en suis la première désolée, incroyablement genée, et que la plupart du temps, ça finis par me donner des grosses crises d'angoisse. N'hésite pas à répéter si tu vois que je ne réagis pas, car c'est très certainement totalement involontaire de ma part. Tu peux aussi faire des signes avec tes mains, ou t'approcher plus pour que mon regard te capte, et que je sache que je dois rentrer en communication avec quelqu'un.
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 18 autres membres